Il était une fois… la rencontre du quinoa
Comment raconter une expérience d’une force inouïe et en même temps si étonnante, si peu tangible ?
Une chose est sûre, je n’étais pas préparé, je crois même que rien ne me prédisposait à une telle rencontre, à part, peut-être, cet enracinement amoureux à la terre dont j’ai hérité comme quiconque est né sur le sol ardéchois.
Tout a commencé il y a plus de 20 ans, en 1989. J’avais réussi à trouver un métier qui unissait mon goût du raisonnable avec mon amour de la terre et je vantais avec ardeur les mérites de mes produits bio sur le Salon Solvita à Genève lorsqu’une drôle de petite dame s’est campée devant moi et m’a longuement regardé. Puis, comme je m’approchais, elle a tourné les talons et a disparu dans la foule.
Ce n’est que le dernier jour, que mon regard a été attiré comme un aimant par une drôle de petite graine blanche exposée en tas pyramidaux sur un étal. Adèla Godoy était campée derrière ses pyramides et me regardait en souriant.
Elle a été la première à me confier la graine. Elle m’a raconté son pays, m’a parlé de son peuple, tout là-haut sur le plateau andin. Ses frères comptaient sur elle : la graine pouvait les protéger, si en Europe, quelqu’un s’intéressait à eux. Ils pourraient alors être sauvés.
Cette graine, c’était le « riz des Incas ». dans la langue aymara, celle des producteurs de l’Altiplano, cette graine était considérée comme la « graine-mère », une graine qui avait nourri les bâtisseurs de l’empire des Incas, une graine sacrée et vénérée depuis les civilisations précolombiennes…
Didier Perreol